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Boxe Française
Savate et Chausson

Savate, chausson, boxe française : remettre les mots à leur place

Il existe, autour de la savate et de la boxe française, une confusion persistante.
Une confusion de termes, d’époques, d’intentions.
On parle beaucoup, on cite beaucoup, mais on mélange tout : pratiques martiales, jeux d’entraînement, sports modernes, réalités du XIXᵉ siècle et reconstructions contemporaines.

Or chaque époque possède sa cohérence propre.Une vérité ancienne peut devenir fausse si on la sort de son contexte.
Et l’histoire martiale française ne souffre pas tant d’un manque de sources que d’un manque de rigueur dans leur lecture.

« Passer à la savate » : une expression qui dit tout

Commençons simplement : passer à la savate.

Ce n’est pas un duel.
Ce n’est pas un sport.
Ce n’est pas un échange.

C’est une punition, souvent militaire, toujours unidirectionnelle. On corrige. On châtie. On fait mal.
Qu’il s’agisse de coups portés avec la chaussure tenue à la main ou de coups de pied dans les jambes, le sens est clair : il n’y a pas de réciprocité.

La savate, à l’origine, n’est donc pas un jeu, ni un sport dans le sens moderne du terme.
C’est une arme chaussée, employée pour blesser, estropier, neutraliser rapidement.

Les sources du XIXᵉ siècle sont explicites :

 

L’art de la savate est l’art d’estropier l’homme d’en face comme le disait Michel dit Pisseux!

On est loin de la vision folklorique d’une pratique née spontanément dans les bas-fonds, comme par magie.

La savate originelle : une pratique martiale complète

La savate, en tant que pratique martiale, repose sur une réalité matérielle simple :
des chaussures solides, souvent cloutées ou ferrées.

À partir de là, la logique est implacable.

La savate traditionnelle articule trois dimensions indissociables :

  1. Les pieds, principalement sous la ceinture
    → broyer chevilles, genoux, écraser les pieds, déséquilibrer.

  2. Les poings, simples, directs, efficaces
    → pas d’esthétique, mais de l’impact.

  3. La lutte, non pas recherchée pour elle-même, mais comme lutte d’opportunité
    → saisir ce qui se présente, projeter, neutraliser.

L’objectif n’est jamais le spectacle.C’est l’efficacité.Faire mal. Mettre fin au combat rapidement.

Le chausson : entraîner sans mutiler

Face à cette réalité violente, une nécessité apparaît : s’entraîner sans se détruire.

C’est là qu’intervient le chausson.

Le chausson n’est pas une autre savate.
C’est une application non violente, pensée pour l’entraînement.

  • chaussures souples,

  • frappes contrôlées,

  • objectif pédagogique.

Les règlements militaires sont clairs :
👉 le chausson est interdit avec des brodequins.
Pourquoi ? Parce que le brodequin est une arme.

L’analogie est limpide :

 

Le chausson est à la savate ce que le fleuret est à l’escrime.

Même geste, autre destination.

La boxe française du XIXᵉ siècle : aller plus loin, pas ailleurs

La boxe française n’est pas une rupture avec la savate.
C’est une complexification.

On y intègre davantage de techniques de poings, issues de la boxe anglaise…
mais attention : la boxe anglaise du XIXᵉ siècle, pas celle d’aujourd’hui.

La boxe française traditionnelle conserve :

  • les jambes,

  • la lutte,

  • et développe fortement le jeu de poings.

 

Un tireur complet doit pouvoir :

  • tenir tête à un boxeur anglais aux poings seuls,

  • tout en restant dangereux aux pieds et en lutte.

 

Guerres de méthodes : un phénomène ancien

Jeu bas, jeu haut, jeu acrobatique :
les querelles de chapelles ne datent pas d’hier. Chaque courant défend son efficacité, son expérience, son vécu. Et les auteurs du XIXᵉ siècle sont loin d’être naïfs car ils distinguent clairement le jeu de salle et la réalité de la rue. Pas de fantasme ici.


Juste de la lucidité.

L’Adresse : spécialisation historique, pas trahison

Sous le Second Empire, la boxe française est interdite.
Réaction typiquement française : on change le mot.

Ainsi naît l’Adresse.

Mais ce changement n’est pas que sémantique.
La lutte disparaît.
Et avec elle, le risque de saisie.

Conséquence directe :

  • rapprochement des distances,

  • développement des crochets courts,

  • travail serré du corps.

L’Adresse est une spécialisation pieds-poings, parfaitement cohérente, mais ce n’est pas la totalité de la tradition.L’erreur moderne est d' avoir séparé ce qui allait ensemble!

L’erreur contemporaine n’est pas d’avoir fait de l’Adresse, c’est d’avoir cru qu’elle suffisait.

La tradition française fonctionnait sur un équilibre :

  • spécialisation,

  • puis recomposition.    
     

 

L’Adresse développe le pieds-poings.

La lutte à main plate développe l’équilibre et la projection.
La boxe française synthétise.

Aujourd’hui, on a séparé ces mondes…
et on s’étonne que la pratique soit incomplète.

Ce que l’on pratique aujourd’hui (et comment l’assumer)

Soyons honnêtes : ce que l’on pratique majoritairement aujourd’hui est de l’Adresse sportive.

Et ce n’est pas un problème à condition de l’appeler correctement. Ce n’est ni la savate originelle,
ni la boxe française traditionnelle.

C’est une spécialisation moderne, légitime, mais partielle.

Conclusion: retrouver l’intelligence de la tradition

La tradition martiale française ne cherchait pas la pureté, elle cherchait l’efficacité.

Trois distances.
Trois compétences.
Un seul système.

Redonner du sens aux mots,
c’est déjà commencer à sauver la pratique!

De bonnes vielles savates
Des tireurs de Savate!
Maitre Charlemont et son élève
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La Boxe Française dans les clubs AMF

Dans nos clubs, la boxe française n’est pas abordée comme un sport de compétition, mais comme une discipline martiale à part entière, au service du corps, de l’intelligence du combat et du plaisir du jeu.

Notre pratique repose sur une approche progressive, éducative et réfléchie. Les techniques de pieds et de poings sont travaillées avec précision, dans le respect des distances, des temps et de la sécurité. Ici, il ne s’agit pas de frapper fort, mais de frapper juste, au bon moment, avec le bon placement.

Les séances alternent travail technique, assauts à thème et échanges libres, toujours encadrés. L’objectif est de développer :

  • la coordination,

  • la mobilité,

  • la lecture de l’adversaire,

  • et la capacité à s’adapter sans brutalité.

 

Nous accordons une place importante au chausson, forme d’échange conventionnée où l’on laisse le beau jeu s’exprimer, sans chercher à interrompre ou à dominer par la force. Cette approche permet de progresser techniquement tout en conservant une ambiance sereine et respectueuse.

La boxe française, dans son application sportive, est ensuite utilisée comme un terrain d’expérimentation : gérer la pression, les distances, les réactions adverses, tout en conservant le contrôle. Quant à la savate, elle est abordée comme une lecture simple et fonctionnelle de la défense civile, sans surenchère ni mise en danger inutile.

Accessible dès l’adolescence, notre boxe française s’adresse à celles et ceux qui souhaitent :

  • pratiquer une activité complète,

  • comprendre ce qu’ils font et pourquoi ils le font,

  • progresser sans esprit de compétition,

  • et prendre plaisir à l’échange.

La boxe française, telle que nous la pratiquons, n’est ni brutale ni figée : c’est un jeu d’intelligence, de mouvement et de maîtrise, pleinement intégré à l’esprit des Arts Martiaux Français.

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